Piero

Indice. L’index. C’est comme ça qu’on m’appelle. Le doigt accusateur face aux compromissions bourgeoises et aux trahisons de l’État vaurien affidé au Grand Capital. Quand Aristo nous a réuni mes camarades et moi pour cette aventure à naître je n’ai pas cillé une seconde. Nous étions un poing brandi et vengeur contre cette société affamante. Comme nom pour notre organisation j’aurais préféré Pugno, ce sera La Mano : l’unicité du poing fermé laisse place à la générosité des cinq doigts, solidaires, chacun attaché par un lien inextinguible, inexpugnable. Nous avons tous des parcours différents, des motivations différentes. Mais les différences ne m’intéressent pas, la lutte qui nous réunit est plus forte. 
Aristo a dépassé sa condition petite bourgeoise, malgré son goût excessif du clinquant. Sandro est un faible sans envergure attaché aux basques de son oncle et de Raffaella… qui s’en moque éperduement. C’est presque triste. Mais le courage de Sandro décuple instantanément dès que Raffaella est là. 
Et puis il y a Dina. Quand je serais embauché chez Ducati à Bologne nous pourrons enfin être heureux. En paix. Je ne peux pas encore y penser, trop de choses nous attendent. On a commencé par de petites vendettas, on a parlé de nous dans les journaux. Aujourd’hui à Montefiorino, bientôt à Bologne, et puis l’Italie… l’Europe, unie sous la banière rouge. Populaire, fraternelle, comme en 17. Tant de combats nous attendent. Et les fachos, comme des cancrelats sournois qu’il faut plus que jamais écraser sous son talon. Camarades, des temps exaltants se préparent!