La menace rouge

Les années de plomb en Italie.

Les mouvements d’extrême gauche italiens sont les fruits d’une culture et d’une tradition politqiue enracinées dans l’histoire du pats et se nourrissant d’un mythe : celui de la révolution communiste.

Dans les années 60, la Démocratie chrétienne (centre droit) est la principale force politique du pays. Le Parti Communiste Italien réalise 25% des voix aux élections législatives d e1963. Le parti s’est pleinement engagé dans la voie de la déstalinisation initiée par Khrouchtchev en U.R.S.S après la mort du Petit Père des peuples en 1953. Mais le PCI va plus loin : il sera le premier parti communiste d’Europe occidentale à prendre ses distances avec l’Union Soviétique, par exemple lors de l’écrasement de l’insurrection de Budapest (1956).

Au sein du PCI, la montée en puissance d’Enrico Berlinguer confirme les changements dans la ligne politique du Parti, qui tourne le dos à la révolution pour s’engager durablement sur la voie du réformisme. Ces choix désorientent une partie des communistes italiens. Il y a d’abord certains anciens, des résistants héroïques de la seconde Guerre Mondiale qui ont combattu le fascisme. Ils vénerent toujours Staline et n’ont pas pardonné que leur idole ait été mis à bas de son piédestal par  les communistes eux-mêmes. Ces anciens ne se reconnaissent pas dans le réformisme du PCI. Ils sont rejoints en cela par certains jeunes communistes qui ne comprennent pas que le parti ne tire pas rofit d’un climat tendu socialement.

Le PCI est à la traîne sur des sujets brûlants comme la guere du Vietnam qui enflamme la jeunesse du monde entier.

Ces jeunes communistes soutiennent HO-Chi-Minh, le Che, les Black Panthers. Ils se mettent progressivement en marge de leur parti. Ils sont convaincus de la nécessité d’une dictature du prolétariat ; ils sont certains qu’elle ne pourra être établie que par la violence.

En 1969, Berlinguer condamne l’intervention soviétique en Tchécoslovaquie, puis fait une ouverture en direction du Parti Socialiste (qui représente 15% de l’électorat) et de la Démocratie Chrétienne.

Le 12 décembre 1969, une bombe sur la Piazza Fontana de Milan fait 16 morts et près de 100 blessés.

L’Italie est sous le choc. L’état accuse l’extrême gauche et les Anarchistes d’avoir perpétrés l’attentat. La répression est sévère : plusieurs milliers de personne sont arrêtées par la police.

De nombreux activistes décident alors de rentrer dans la clandestinité et de développer un processus de lutte armée. C’est le cas des membres du groupuscule Sinistra proletaria (Gauche Prolétarienne) qui créent les Brigades Rouges.

Entre 1969 et 1988, les Brigate Rosse commettent plus de 400 assassinats et 15.000 attentats ou actions révolutionnaires.

On a parlé d’une guerre civile de basse intensité. C’st dans ce contexte que les autorités italiennes font voter des lois d’exceptions. On va appeler cette époque les Années de Plomb. Ce terme s’applique également à l’Allemagne de l’Ouest de la Bande à Baader. En Italie, un des événements les plus marquants de cette période est l’enlevement et l’assassinat en 1978 d’Aldo Moro, le leader de la Démocratie Chrétienne.

Aujourd’hui des voix s’élevent pour affirmer que la violence des années de plomb aurait été attisée par une organisation nommée Gladio (le Glaive), entité clandestine de l’OTAN créée après la fin de la Seconde Guerre Mondiale pour lutter contre le communisme. Gladio et les services secrets italiens auraient perpétré eux-mêmes des attentats, et infiltré les groupuscules d’extrême gauche pour les radicaliser, afin d’entretenir une stratégie d ela tension.

Cette ambiance déletère et violente discréditait la gauche dans son ensemble et empêchait le PCI d’accéder au pouvoir par le biais d’un compromis historique avec la Démocratie Chrétienne dont Berlinguer et Moro auraient pu être les promoteurs. Ce qui fait dire à Alberto Franceschini, co-fondateur des Brigades Rouges, aujourd’hui repenti : « Nous sommes partis à la conquête d’un nouveau monde sans nous rendre compte qu’en réalité, nous contribuions à consolider le vieux ».

Texte : © Dargaud 2011.
La Mano 1 – Montefiorino, parution le 18 février.

En médaillon : Time Magazine, June 14, 1976. © Time Inc.

La Mano – Au complet

Sandro, Piero, Raffaella, Dina et Aristo sont unis comme les doigts de la main. Ils vivent leurs meilleures années dans l’Italie des années soixante. Pétris d’idéaux, ils fondent un groupe activiste : La Mano. Mais toute action à un prix. Sont-ils prêts à assumer tous leurs actes, surtout quand l’irréparable survient?